Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/240

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un autre art ; il prend, quitte, reprend incessamment le fil de son action, mais sans jamais donner la répétition du même drame ni du même épisode.

Si vous voulez juger la civilisation au point de vue étroit d’un moment, d’une période même de l’humanité, la continuité du progrès échappera évidemment au regard de votre intelligence. Mais si, vous plaçant au point de vue large du progrès lui-même, vous embrassez de la pensée la série entière des civilisations, alors vous verrez d’un horizon à l’autre de l’histoire la loi de continuité éclater dans le majestueux déroulement de son unité.

Quand donc nous disons progrès continu, nous ne disons pas progrès continu d’un jour à l’autre, d’un siècle à l’autre, mais d’une civilisation à l’autre, et d’une transfiguration à l’autre de l’humanité. Le progrès compte par civilisations comme nous comptons par années. C’est là le temps à sa dimension. Vouloir le réduire à notre cadran, c’est le rapetisser à notre stature.

Nous affirmons donc le progrès continu, mais seulement de la civilisation chasseresse à la civilisation agricole, de la civilisation agricole à la civilisation politique, de la civilisation politique à la civilisation industrielle, de la civilisation industrielle à la civilisation commerciale, de la civilisation commerciale à la civilisation brahmanique, de la civilisation brahmanique à la civilisation égyptienne, de la civilisation égyptienne à la civilisation hellénique, et de la civilisation païenne à la