Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/247

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dit à voix basse : Entre ; et l’autre qui lui ferme la porte avec un mouvement de colère : Va-t’en ; et pousse bruyamment le verrou.

Aussi toutes les fois que nous opposons à votre doctrine de statu quo de l’humanité sur la même paille de misère, cet irrésistible instinct du mieux qui emporte continuellement l’âme à l’horizon du temps à la recherche d’une société nouvelle, vous comprenez de suite, par la vérité de premier jet de votre sentiment, que ce magnifique tourment de l’avenir a en soi quelque chose de sacré, puisqu’il soulève l’homme de son fumier et l’entraîne à l’action, au sacrifice, au perfectionnement de lui-même et de cet autre lui-même appelé son semblable. Considérez-vous le progrès à ce point de vue d’agent provocateur au dévouement, alors vous amnistiez ce rêve à la poursuite d’une chimère, vous le justifiez par son côté pratique dans la société ; vous le bénissez — comment, vous le bénissez ? — vous l’adorez. Je cite vos propres expressions.

« Mais, dit-on encore, Dieu, qui ne trompe pas, a jeté dans l’homme de levain, cette invincible aspiration, cette espérance sourde et obstinée du perfectionnement indéfini de son espèce ! Tout instinct est une prophétie ; cette prophétie est donc divine ; elle implique donc un devoir pour l’homme ; elle est donc destinée à se réaliser sur cette terre ? Nous ne nions pas, et nous adorons même cet instinct naturel ou surnaturel qui porte l’homme à espérer contre toute espé-