Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/256

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mon tour ? Apportez-moi ma honte a signer. Je la signe, je l’ai signée, ma main n’a pas tremblé, l’or brille, le vin coule ; je bois à la santé du progrès… ou de la décadence — selon que la pièce lancée en l’air, de la main du Destin, tombera pile ou face. Jouissons, il n’y a plus que cela de vrai au monde, et comme les lots ne sont pas égaux entre les hommes, tant pis, le mot est dit : recommençons le tirage.

Mais la vie future ? … Ah ! oui ; tout à l’heure, j’y croyais profondément à la vie future, mais par une raison, une seule, entendez-vous bien ? La philosophie n’a pu encore en trouver deux depuis que, la tête penchée sur un tombeau, elle médite le problème de la résurrection. Et cette raison ai-je besoin de vous le dire ? c’est que, Dieu ayant écrit en nous l’instinct de l’immortalité, il doit avoir placé en regard la réalité correspondante à ce désir, autrement il aurait fait une balance boiteuse avec un plateau d’un côté et le vide pour faire l’équilibre. Car nous admettons, à priori, que Dieu étant donné comme la suprême perfection et la suprême justice ; il ne peut mettre quelque part une promesse et retirer sa parole, lancer une prémisse et supprimer la conséquence ; en un mot, mentir à sa créature et par contre-coup à sa suprême bonté et à sa suprême perfection. Mais vous renversez d’un mot cette preuve d’immortalité. Voici ce que vous dites :

« Il en est de cet instinct du progrès indéfini de l’humanité sur la terre comme il en est d’un autre instinct