Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/259

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et je n’aurai retiré, en définitive, de cette discussion, qu’une preuve de plus de votre esprit de tolérance. Vous aurez souffert ma contradiction, voilà tout ; demain vous l’aurez oubliée. Quant à moi, je redescendrai dans mon humble vallée, et frappant la terre du pied, je crierai : E pur si inuove ; car, pendant que nous discutons entre nous si le monde marche, savez-vous ce que répond ce monde ? Il répond par le fait, il continue de marcher. De toutes parts, en Europe, en Amérique, il y a un immense ébranlement, un immense élan en avant ; les idées partent les premières en éclaireurs, les penseurs les suivent le front penché ; les masses viendront à leur tour, elles viennent déjà ; le vent du matin joue dans les banderoles de leurs drapeaux. En avant ! Quand nous aurons emporté l’humanité à un pas de plus sur le chemin de la civilisation, nous pourrons reprendre la discussion du progrès. Mais, en attendant, l’action réclame notre temps. En avant !

En avant ! vous dis-je, mes amis, mes frères d’idées de tous les horizons et de tous les dialectes : Italiens, Hongrois, Allemands, Russes même, il n’y a plus aujourd’hui ni juifs ni gentils. Les signes du temps sont pour nous, des voix passent dans l’air ; à vos tentes, Israël ! les clairons sonnent la marche sur nos têtes en avant !

Si quelques-uns d’entre vous ont murmuré aux faux dieux des mots honteux dans la terre de servitude, essuyez votre bouche et partons en chantant l’hymne de