Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/49

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ques, que dis-je, un livre ? un enfer, à la façon du Dante, où il plonge tout vivant l’écrivain qui prend l’âme humaine au sérieux. J’occupe, je dois l’avouer, une place dans cet enfer. Je la mérite, me dit l’auteur, pour lever trop souvent la tête vers le ciel, et pour compter sur une autre vie. Avec un pareil ordre d’idées, me dit-il poliment, que ne vas-tu à la messe et n’essuies-tu du genou la poussière du confessionnal ?

Je pourrais poursuivre l’énumération… En vous-même, ô maître trois fois vénéré, vous prêtez à chaque instant au dogme du progrès, dans la rapidité de votre course, au vol de votre plume, tantôt cette erreur-ci, tantôt cette erreur-là, que le progrès précisément réfute et condamne le premier. Comme vous le voyez, une partie de votre argumentation porte à faux ou tombe à côté.

Mais de quel droit, me répondrez-vous peut-être, te fais-tu fort pour le progrès ? Le progrès t’aurait-il passé procuration ? et, pour parler toujours en son nom, représentes-tu donc à toi seul le progrès tout entier, comme le pape, par exemple, représente l’Église ?

Non, certes, je ne représente pas le progrès, mais j’ai lu autrefois une anecdote assez dans la situation pour me servir de réponse. Elle vaudra ce qu’elle vaudra. Je l’emprunte à Mme de Sévigné. Par le mérite de Notre-Dame de Livry, comme disait Walpole, elle trouvera peut-être grâce devant votre esprit.

Trois officiers couchaient sous la même tente au siége de Lérida. Après je ne sais plus quel assaut, deux d’en-