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terre a dévoré son premier enfant. L’aube d’un autre enfantement rayonne à l’horizon.

Cette seconde genèse, la genèse actuelle commence son travail par le règne minéral, simple point de départ, simple stratum de l’être, diffus, confus, impersonnel, destitué de fonction, soumis seulement à l’action chimique, destitué de toute forme déterminée ou emprisonné, dans la forme géométrique de la cristallisation.

Du règne minéral, la genèse passe au règne végétal ; car le sol a précédé la plante, en vertu de l’axiome qui met la cause avant l’effet ; à ce moment, l’être fait son entrée sur le monde, je m’entends, l’être individuel, l’être circonscrit, configuré, organisé, complexe, fonctionnaire, sur place, à la vérité ; mais, si restreinte que soit encore la fonction, si uniforme d’un individu à l’autre, il porte déjà en lui silencieusement son quant à soi, son mode particulier, c’est-à-dire le premier signe de l’existence.

Du règne végétal le Créateur passe au règne animal ; car la plante a précédé le quadrupède, par la même raison que la table précède le convive. Ici, la vie organisée éclate dans une magnifique ampleur. Personnalité, forme diversifiée, fonction multipliée à l’infini, chaleur, électricité, mouvement, regard, audition, voix, couleur, pensée même, ombre de pensée, attention, éducabilité, l’animal, pris à l’étape suprême de son développement, possède tout cela, montre tout cela, comme un prédécesseur en quelque sorte d’une chose qui n’est