Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/83

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tôme d’un monde à jamais évanoui, tandis que je tourne la face du côté de l’avenir, que je marche dans la direction de la vie, et que, si la vie a une logique, j’ai chance d’arriver avec elle au but mystérieux marqué par la Providence.

Nous n’avons aucune action sur ce qui a été, mais nous pouvons en avoir sur ce qui sera. Mettons donc notre idéal de ce côté si nous voulons échapper à l’illusion, car de toutes les chimères, la plus chimérique, à coup sûr, est de recommencer l’expérience d’Orphée, et de faire volte-face à la mort pour essayer, comme lui, d’embrasser et de retenir une fumée.

Nous avons donc désormais entre nous un point commun, un consensus établi : l’homme sauvage ou pour mieux dire l’homme réduit au minimum d’existence. Qu’importe, après cela, que, sauvage un peu plus tôt ou un peu plus tard, il naisse, ou il tombe dans la sauvagerie ? Il est sauvage, voilà le fait, à sa première ou sa seconde origine. Partons de ce fait, l’un et l’autre pour argumenter pour ou contre le progrès.