Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vail, mais simple outil de chair, elle sécherait à l’œuvre sur la branche ou sur la pierre, avant de pouvoir la fendre ou la briser.

La main ne saurait non plus retenir le liquide ; le liquide coule, glisse entre ses doigts, et tout un monde échappe ainsi jusqu’à nouvel ordre à sa domination.

Enfin le temps fuit d’une marche silencieuse sans que l’homme puisse jamais saisir la cadence de son pas dans l’espace et régler sur l’heure le travail de la journée.

Voilà le problème à résoudre. Le besoin presse, à l’œuvre donc, et debout !

L’homme commence par le couvert immédiat du corps, par le vêtement ; dans le principe, c’est-à-dire à l’état chasseur, il porte la peau de bête séchée au soleil ; mais après avoir émigré de l’état chasseur à l’état pastoral, il file la laine et il prend le manteau.

Avec le temps il passe à la vie agricole, et un jour il remarque à côté du champ de blé une plante sociale, — voyez toujours l’analogie, — dont la tige broyée et blanchie à la rosée du matin, donne un tissu plus frais et plus léger que la laine. L’invention du drap ou de la toile marque tout un ordre de sentiments dans l’humanité.

La femme date de la robe ; auparavant elle était une femelle. Mais le jour où, voilée et sacrée par le voile, prêtresse et gardienne de son corps, elle put seule nouer et dénouer le nœud de sa ceinture, alors elle eut la propriété de sa personne, elle connut la pudeur.