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la femme en lutte pour ses droits

Cependant tout ce grand respect de la maternité n’a pas empêché les femmes d’être subordonnées dans tous les temps ; c’est pourquoi il est maladroit de vouloir en faire sortir leur émancipation. Autant que les femmes le voudront, on reconnaîtra la sublimité de leurs fonctions maternelles ; si la société progresse un peu dans la voie de la solidarité, il est fort possible que les mères y bénéficient de quelques avantages, mais jamais l’enfantement ne constituera pour les femmes un titre à l’importance sociale. À la maternité, les sociétés futures pourront élever des temples, mais ce sera pour y maintenir enfermé le sexe féminin.

En dernière analyse, le fond de tout ce féminisme incomplet ; c’est le manque de courage des femmes. Elles veulent bien les prérogatives masculines, mais la rude lutte que mène l’homme pour la vie les effraie. Comme ce serait bon d’être respectées, obéies ; d’avoir droits politiques et rubans rouges ; alors que l’on continuerait à ne rien faire et à tout attendre de l’homme. Mais celles qui raisonnent ainsi se font grandement illusion. Sans responsabilité égale, l’égalité des droits, alors même qu’on la mettrait dans la loi, resterait une chimère : car il ne faut jamais rien atten-