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la femme en lutte pour ses droits

sence si elle ne possède pas ces capacités. Elle doit s’astreindre à être la pierre dont sera fait l’édifice, le soldat de l’armée, qui marchera à la conquête de l’égalité politique et sociale des sexes.

De l’agrégation des personnes naît d’ailleurs l’unification des conceptions, unification nuisible dans le domaine philosophique ou scientifique, mais indispensable dans l’action politique et sociale.

À l’heure actuelle chaque féministe a son féminisme particulier. Organisé le féminisme deviendra une doctrine solidement établie. On a dit avec raison que les révolutions ont toujours été faites par des minorités ; il faut y ajouter que les minorités qui les ont faites étaient des minorités organisées. Devant une majorité amorphe la voix d’une minorité organisée et déterminée de gens qui savent ce qu’ils veulent et qui veulent tous la même chose est extrêmement puissante. Pour peu que les circonstances y prêtant elle arrive très vite à devenir majorité, grossie de la masse des esprits et des caractères médiocres toujours prête à se rallier à ce qui lui apparaît comme devant être une force.

Mais le rôle de la féministe ne doit pas se borner à être la petite partie d’un grand tout ;