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la femme en lutte pour ses droits

devient nécessairement la prostituée de l’homme et perd toute moralité. Dans les conditions dont je parle, il en sera autrement, et l’amour libre n’enlèvera à la femme rien de sa dignité.

Mais que les timorés n’aient aucune crainte, ce n’est pas l’octroi des droits politiques à la femme qui amènera d’un coup ces profondes transformations des mœurs.

Longtemps encore, après qu’on en aura fait des citoyennes, les femmes continueront de se marier et d’enfanter dans les conditions actuelles. Leur esprit s’élargira un peu ; elles s’intéresseront plus qu’aujourd’hui à la vie sociale. Dans les carrières libérales le nombre des femmes ira en augmentant, dans les professions manuelles, leur salaire se rapprochera de celui des hommes. Les maris perdront un peu de leur morgue autoritaire, les épouses gagneront en intelligence et en caractère.

Mais il ne faut pas oublier, que si nous allons vers le féminisme, nous allons aussi vers le socialisme. Pense-t-on que la révolution, pacifique ou violente, qui aura socialisé le laboratoire, le bureau et l’atelier ne socialisera pas le ménage ? Toutes les transformations que nous avons esquissées, ce sera le