Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
134
mon voyage aventureux

pelles, qui sont très nombreuses, on s’agenouille à terre et on baise la vitre qui recouvre les icones. Les vitres ont une épaisse couche de crasse apportée là par les milliers de ces baisers. C’est absolument dégoûtant, mais les adorateurs ne sont nullement dégoûtés ; chacun ajoute ses microbes à ceux de ses prédécesseurs.

Près de la Place Rouge est un sanctuaire de la grandeur de nos bureaux d’omnibus parisiens. On y vient, paraît-il, de toute la Russie. En face, sur un mur de briques rouges, à la hauteur d’un premier étage, la République des Soviets a mis en lettres blanches la fameuse inscription : « La religion est l’opium du peuple ».

Cela ne paraît pas beaucoup impressionner le peuple. Toute la journée c’est dans le sanctuaire un défilé ininterrompu. C’est à qui se prosternera ; celui qui ne peut pas entrer baise le pavé de la rue.

Comme je n’ai pas beaucoup d’occupation à Moscou, je m’amuse à inspecter les passants et à faire un pourcentage des croyants qui se signent et des athées qui passent indifférents. Je constate qu’il y en a à peu près autant des uns que des autres. En général, ce sont les jeunes qui ne font pas le signe de la croix ; heureux effet de l’éducation communiste qui se fait déjà sentir.

Partout, des traces de la Révolution. Sur une place, à l’extrémité d’un boulevard, un énorme