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en russie communiste

poussière continuelle rend le travail très malsain. Dans la cour, les sœurs cordières filent le chanvre avec un métier à pédale. La durée du travail est de huit heures pour tout le monde.

Nous demandons à une religieuse si elle regrette son ancienne vie. Elle nous répond qu’elle était au couvent depuis vingt ans. Elle s’occupe avec plaisir des enfants parce que c’est une bonne œuvre, mais elle verrait avec joie le couvent redevenir ce qu’il était avant.

On n’a pas formellement interdit aux nonnes leurs pratiques religieuses, mais on s’est arrangé pour faire coïncider les heures du travail avec celles des offices. Les sœurs ont renoncé à la chapelle, et beaucoup s’émancipent jusqu’à sortir du couvent pour accompagner les enfants dans les musées et les excursions.

Les religieuses se sont méprises sur le caractère de notre politesse ; voilà qu’elles se concertent pour nous envoyer une délégation, afin que nous leur fassions rendre leur supérieure : le directeur doit intervenir. La Révolution n’est pas nécessairement grossière et brutale, mais tout de même elle est la Révolution.

Après la visite, le dîner. On nous sert au réfectoire, dans la vaisselle des religieuses qui est très belle. Les nonnes, curieuses, viennent tour à tour à la porte regarder manger « les femmes de Lénine ».