Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
29
en russie communiste

Un grand jeune homme blond a attiré mon attention. Sa mise est soignée, son allure élégante ; il parle français avec le « chef ». Mais j’entends des mots qui me retiennent à distance « dangereux… ne pas aller à la gare… abandonnez plutôt vos bagages… » Peut-être ce jeune homme doit-il rester inconnu, même des camarades.

La nuit à l’hôtel je suis loin d’être rassurée.

Le « chef » m’a dit plusieurs fois que j’y courais le risque d’être arrêtée. Une nuit je vois par la fenêtre ouverte un agent de police qui semble en faction sur le trottoir, juste en face de la maison. Il reste là et bientôt un homme en civil, assez bien habillé s’approche de lui, lui dit quelque chose et s’en va. L’émotion m’étreint. Évidemment, ce civil est un chef ; il a donné à l’agent l’ordre de surveiller l’hôtel. Demain au jour je serai arrêtée. J’ai envie de fuir, mais impossible, il faudrait sonner le patron de l’hôtel. Que penserait-il de cette sortie à deux heures du matin ! D’ailleurs fuir serait inutile. Si c’est vraiment pour moi que cet agent est là, il m’arrêtera à la sortie : si ce n’est pas pour moi, mieux vaut rester allongée sur mon lit que d’errer par les rues désertes. Je calme mes nerfs comme je puis en m’arrêtant à l’idée que peut-être l’agent surveille la rue, tout simplement. Enfin, le jour tant désiré, le jour après lequel soupirent les malades et aussi les inquiets