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en russie communiste

quelques instruments de chirurgie ; j’ai lu à Paris dans les journaux qu’il n’y avait que trois forceps à Moscou : achetons-en un, cela fera quatre. Mais « le disciple » ne sait pas ce que c’est qu’un forceps et je me tire d’affaire en demandant à l’employé un « instrument pour tirer l’enfant de la mère ». Il comprend et m’apporte un superbe tarnier qui n’est pas cher ; trois cent cinquante marks.

Pour avoir des canules à lavement, j’essaie de toutes les périphrases, on ne comprend pas. À la fin, de guerre lasse, j’attrappe un caoutchouc qui traîne sur le comptoir et fais le simulacre d’administrer au disciple un « bouillon pointu ». Tout le magasin éclate de rire, on a enfin compris ce que je désire.

Dans la conversation je viens à raconter à mon guide que j’ai appris un peu de chimie.

— Ah ! fait-il avec admiration, vous avez à Paris un laboratoire illégal !

Dans son enthousiasme de néophyte communiste, il ne comprend la chimie qu’au point de vue des bombes.

On m’a adjoint deux Italiens qui vont en Russie pour y rester. Ils sont accusés de meurtre politique dans leur pays. Au cours d’une émeute, un bourgeois a été tué, on prétend que ce sont eux les meurtriers. Ils s’en défendent, mais quand même il faut fuir ; ils vont en Russie chercher un refuge.