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en russie communiste

Enfin, ce n’est pas le moment de reculer et récriminer me paraît tout à fait inutile ; là-bas, évidemment, on ignorait complètement ce qui se fait ici. La belle confiance que j’avais à Berlin m’a tout à fait quittée. Mais il n’y a pas autre chose à faire qu’à s’abandonner aux mains de ces hommes.

On me réclame cent marks pour la voiture ; ah, il y a tout de même une voiture.

Nous quittons la maison et après avoir fait environ cinq cents mètres, nous nous trouvons devant une affreuse charrette remplie de paille. C’est cela la voiture diplomatique ! Je crois être le jouet d’un de ces cauchemars dans lesquels les bijoux se changent en feuilles sèches. L’homme qu’on nous a présenté comme devant nous faire passer la frontière, monte sur le siège avec un autre. Les Italiens et moi, nous nous installons comme nous pouvons dans la charrette ; on part au grand galop.

— Mes craintes commencent à se calmer. Si ce n’est que cela après tout, le danger n’est pas bien grand. Je ne tiens pas outre mesure à passer pour une diplomate ; que j’arrive, c’est l’essentiel. Au fond même je sens quelque plaisir à filer ainsi dans la nuit noire ; le danger me paraît tout à fait illusoire. Qui nous a vus ? Qui même s’occupe de nous ?

Mon enthousiasme se refroidit lorsque le cocher, montrant, de son fouet, une place au bord de la