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en russie communiste

trous, je me tords le pied à chaque instant, je tombe même tout à fait plusieurs fois.

L’effroi me gagne. À quelle espèce d’hommes nous a-t-on confiés, ils vont devant sans s’occuper de nous, quelle dureté ! La respiration me manque, je pense que je n’arriverai jamais et je me dis aussi que si j’ai le malheur de me faire une entorse, ces gens me laisseront là.

Enfin, on fait halte. Nouveau sifflement qui fait surgir de terre deux nouveaux venus auxquels on nous remet. La frontière est-elle passée ou non, je n’en sais absolument rien.

Le voyage continue à travers les frondrières, bientôt nos conducteurs se jettent à terre en disant : « Soldaten ! » ; nous les imitons. Il fait un vent terrible, heureusement !

Nous restons couchés sans faire un mouvement ; un des conducteurs est parti, en rampant éclairer la route.

Ai-je peur. Non, pas précisément, le danger est trop près, je n’ai qu’une idée : en sortir !

L’éclaireur revient, il nous fait signe de le suivre, nous rampons derrière lui, nous arrêtant de temps à autre pour écouter.

Une rivière se présente. Je commence à me déchausser, mais l’un des guides me fait signe de n’en rien faire. Sans mot dire, il me charge sur son dos, me traverse et me jette sur le rivage opposé ; on en fait autant à mes deux compagnons.