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mon voyage aventureux

Le lendemain encore rien et personne ; je prends une forte dose de bromure.

Enfin, au bout de trois jours, la petite fille revient et à travers son allemand, je comprends que le camarade qui m’apportait le passeport sauveur a été arrêté ; le document est aux mains de la police. Toutes les démarches sont à recommencer.

C’est le 14 août, veille de grande fête, des chants et des musiques m’arrivent du lointain. Les enfants de mon hôtesse font dans un tonneau, un lavage sensationnel. Au soir, Mme Defarge et sa fillette viennent me voir et me proposent une petite promenade.

Une promenade ? Mais, les policiers ? Les policiers, ils dansent ; c’est grande fête aujourd’hui. Délicieuse cette promenade au clair de lune ; voilà douze jours que je ne suis pas sortie. On m’a coiffée d’un mouchoir pour que je ressemble aux femmes du pays. Tout de même, nous nous sommes trop approchées du village ; un homme qui nous a croisées m’a regardé curieusement.

Nous rentrons à travers champs ; au loin une rangée de becs de gaz ; c’est la voie ferrée ; Mme Defarge étend le bras : de ce côté l’Allemagne et, là-bas, la Russie.

J’ai, je m’en aperçois, une certaine influence morale sur Mme Defarge. Je lui ai expliqué qu’on pouvait être communiste et aimer en même temps la vie. Évidemment, de rudes besognes sont par-