Page:Pellissier-Art-ancien.djvu/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
8
INTRODUCTION — DU BEAU ET DE L’ART

que réside la beauté. Cette forme, pour l’homme qui la perçoit, peut devenir l’objet d’un jugement et d’un plaisir:

1° parce que cette forme est la manifestation d’une idée;

2° parce qu’elle peut revêtir la matière du caractère de la beauté.

Le plaisir du beau est un plaisir d’ordre supérieur que les hommes goûtent plus ou moins, suivant qu’ils ont plus ou moins d’esprit naturel, plus ou moins de culture. Par suite, la valeur morale d’un homme peut se mesurer exactement par le degré où il atteint dans l’intelligence et dans le sentiment des beautés de la nature.

Suivant Shakspeare, le plus frappant symptôme d’une perversion satanique, c’est la confusion du beau et du laid; il donne aux sorcières de Macbeth pour devise: « Le beau est le laid; le laid est le beau; planons à travers le brouillard et l’air impur. » C’est le cynisme réaliste!

Heureux l’homme auquel peut s’appliquer ce portrait esquissé par Gœthe : « Le reflet du beau devient sensible pour son intelligence par mille expressions variées , son esprit reflète toutes les merveilles de la nature. » Enfin le rapport étroit entre le beau et le bien a été vivement indiqué par les paroles immortelles de Schiller : « L’aspiration vive et pure vers le beau amène toujours à sa suite la pureté morale. »

Comme le vrai , comme le bien , le beau a sa source en Dieu, qu’il apprend à connaître et à glorifier.

LE BEAU DANS LA NATURE

Sans doute la beauté existe dans la nature , qui est l’œuvre de Dieu ; mais cette beauté existe à l’état latent, comme le