cepte, indique encore pourquoi ils conviennent à la poésie nouvelle :
De la musique avant toute chose ;
Et, pour cela, préfère l’Impair
Plus vague et plus soluble dans l’air.
Les vers de neuf et de onze syllabes ont par eux-mêmes
un caractère d’instabilité, de discordance, et c’est précisément pour cela qu’ils avaient été jusqu’alors d’un
emploi peu fréquent ; mais, si la symétrie du rythme
pair s’accorde fort bien avec un art précis comme
celui des parnassiens, elle a quelque chose de convenu et d’artificiel. Au contraire, les mètres impairs
écartent, par l’incertitude même de leur démarche,
toute idée d’arrangement factice, de rhétorique. Ils
semblent d’ailleurs être plus aptes à rendre les sentiments vagues et troubles, à rythmer cette « chanson
grise » qui fut la chanson de Verlaine et de ses
disciples.
La rime aussi devait être réformée par les symbolistes. Ils l’affranchirent des règles conventionnelles qui gênaient le poète dans l’expression de sa personnalité propre, et l’accommodèrent au caractère de la nouvelle poésie.
D’abord, l’ordre des masculines et des féminines devint libre. Il avait fallu, depuis Ronsard et surtout depuis Malherbe, les alterner régulièrement. Et sans doute cette régularité d’alternance peut bien se défendre, en dehors de tout cas particulier, comme avantageuse à l’harmonie des vers. Mais « il n’y a pas de règle générale[1], » c’est-à-dire universelle. Pour
- ↑ Pascal, dans une de ses pensées sur le style.