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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

savoir la vérité ? C’est de distinguer l’élément matériel, et la cause d’où vient cet élément[1].

XXII

Ne point se laisser entraîner par le tourbillon ; mais, dans toute entreprise, s’appliquer à ce qui est juste ; et, dans toute pensée, conserver avant tout la plénitude de l’intelligence, qui comprend les choses.

XXIII

Ô monde[2], tout me convient de ce qui peut convenir à ton harmonie ; rien n’est pour moi prématuré ni tardif de ce qui pour toi vient à son temps. Tout est fruit pour moi, ô nature, de ce que produisent les saisons fixées par toi. Tout vient de toi, tout vit en toi, tout retourne en toi. Dans la tragédie[3], un personnage s’écrie : « Ô douce cité de Cécrops ! » Et toi, tu ne t’écrierais pas : « Ô douce cité de Jupiter ! »

  1. La cause d’où vient cet élément. On pourrait ajouter Spirituelle ; et cette dernière idée est évidemment sous-entendue, par opposition même à l’élément matériel.
  2. Ô monde. Tournure qui détonne un peu avec le diapason habituel du style de Marc-Aurèle ; mais qui n’a rien de déclamatoire ni de faux.
  3. Dans la tragédie. Je n’ai pas trouvé dans les tragédies grecques et dans les fragments qui nous en restent, le passage qui est cité ici. Il est d’ailleurs aussi clair que possible. Voir plus haut dans ce livre, § 10.