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iv
AVANT-PROPOS.

ne s’égarent point trop aisément dans de stériles distractions. De là vient que toutes les religions positives recommandent et imposent aux croyants un livre, qui doit éclairer l’esprit, diriger la foi et régler la conduite. Mais la philosophie, qui, avant tout, est le domaine de la liberté, exerce son empire autrement. Ce sont bien encore des livres qui lui servent à propager la vérité ; mais comme elle n’accepte pas d’autre clarté que celle de la raison, et que la raison est souveraine, grâce au libre arbitre dont nous sommes doués, la philosophie se borne à offrir au genre humain le fruit de ses labeurs ; elle ne contraint personne à le prendre. Heureux ceux qui le goûtent, de leur plein gré, et qui, joignant les austères conseils des sages aux inspirations de leur cœur, savent découvrir et conserver pieusement la lumière véritable ! Le salut n’est qu’à ce prix.