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LIVRE V, § III.

s’occupent si passionnément. Et toi, tu trouves les devoirs que la société impose à ses membres[1] moins importants et moins dignes de tes soins !

II

Qu’il est commode d’écarter et d’effacer toute imagination fâcheuse ou inconvenante, et de retrouver aussitôt un calme profond[2] !

III

Juge digne de toi toute parole et tout acte qui est selon la nature[3]. Ne t’en laisse détourner ni par le blâme, ni par les calomnies, dont parfois le blâme est suivi. Du moment que ce que tu as fait, ou ce que tu as dit, est bien, ne crois jamais que

    mais qui est fort ancienne, comme on le voit.

  1. Les devoirs que la société impose à ses membres. C’est une préoccupation constante de Marc-Aurèle ; et elle découle naturellement de l’idée qu’il se fait des devoirs de l’homme en ce monde. La cité politique doit être l’image de la grande cité de l’univers ; et les devoirs qu’on y remplit sont la suite du devoir général que la nature impose à l’homme doué de raison et capable de sagesse.
  2. Retrouver aussitôt un calme profond. Il faut une bien longue et bien sérieuse culture de l’âme, pour que l’on puisse rétablir si vite l’équilibre troublé par les accidents extérieurs.
  3. Toute parole et tout acte qui est selon la nature. C’est-à-dire conforme à la raison. Le précepte est excellent ; et il apprend à braver ce qu’on appelle le respect humain, qui n’est