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LIVRE VI, § XXXV.

lui contre nature, elle n’est pas non plus un mal pour lui[1].

XXXIV

Quels plaisirs n’ont pas goûtés des brigands[2], des débauchés infâmes, des parricides, des tyrans[3] !

XXXV

Ne remarques-tu pas que les gens qui exercent des professions salariées s’accommodent jusqu’à un certain point à l’humeur de leurs clients, mais que toutefois ils se gardent bien de sacrifier les règles de leur art, et qu’ils ne s’en laissent point écarter ? N’est-il pas étrange que l’architecte et le médecin fassent plus de compte des principes de leur art spécial, que l’homme n’en fait de la loi qui est la sienne[4] et qui lui est commune avec les Dieux[5] ?

    disent les stoïciens.

  1. Elle n’est pas non plus un mal pour lui. Distinction des vrais et des faux biens
  2. Quels plaisirs n’ont pas goûtés des brigands. Le philosophe ne doit donc faire aucun cas des plaisirs dont il partagerait la jouissance avec ces êtres dégradés. Les seuls plaisirs qu’il doit goûter sont ceux de la raison et de la vertu.
  3. Des tyrans. Il est clair que Marc-Aurèle fait ici allusion à plus d’un empereur, parmi tous ceux qui l’avaient précédé.
  4. La loi qui est la sienne. La grande difficulté, c’est d’arri-