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LIVRE VII, § XXVI.

XXV

La nature qui ordonne et régit l’univers[1] va dans un instant changer tout ce que tu vois ; de la substance de ces êtres, elle en formera d’autres, comme avec la substance de ceux-ci elle en formera d’autres encore, afin que l’univers soit éternellement jeune et nouveau.

XXVI

Si quelqu’un se conduit mal à ton égard, demande-toi quelle idée il a dû se faire[2] du bien et du mal pour s’être oublié ainsi envers toi. À ce point de vue, tu le prendras en pitié, et tu n’éprouveras plus ni surprise ni colère ; car, ou bien tu avais toi-même une opinion identique à la sienne, ou une opinion du moins analogue sur ce qu’il était bon de faire ; et alors il n’y a qu’à pardonner. Mais si des fautes de ce genre ne te

    ce paragraphe un sens plus général, et appliquer à l’âme ce qui est dit simplement du visage, et de la physionomie, qui la révèlent pour des yeux exercés.

  1. La nature qui ordonne et régit l’univers. Cette pensée est toute semblable à celle du § 23.
  2. Demande-toi quelle idée il a dû se faire. La réflexion peut faire cet examen après coup ; mais, dans le premier mo-