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LIVRE VIII, § XXXV.

a rompu l’union de son plein gré, de s’y rattacher encore, et d’y reprendre, comme partie du tout, la place qu’il y occupait précédemment[1].

XXXV

Tout être doué de raison possède à peu près toutes les facultés que possède la nature universelle des êtres raisonnables[2]. Mais voici une faculté qu’elle nous a plus spécialement départie : c’est que, de même que la nature de l’univers[3] sait arranger et soumettre au destin commun tout ce qui lui fait opposition et résistance, de même aussi l’être qui a la raison en partage peut toujours, dans l’obstacle qu’il rencontre, trouver matière à son activité, et tourner cet obstacle même à l’accomplissement de son premier dessein[4].

    suivre et à aimer les lois dont elle s’était d’abord écartée.

  1. Qu’il y occupait précédemment. Avant l’infraction à l’ordre universel des choses.
  2. La nature universelle des êtres raisonnables. En d’autres termes, c’est Dieu et sa providence, qui a donné à l’homme une partie des facultés qu’il possède lui-même.
  3. La nature de l’univers. L’expression du texte est encore plus vague.
  4. À l’accomplissement de son premier dessein. Voir plus haut, § 32.