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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

XXXI

Pas de trouble, pour tout ce qui provient de la cause extérieure[1] ; stricte justice dans tous les actes que produit la cause qui ne tient qu’à toi[2] ; en d’autres termes, principe d’action et désir, qui aboutissent à te faire toujours rechercher l’intérêt de tous[3], comme un devoir que la nature t’impose.

XXXII

Il est une foule d’embarras gratuits que tu peux aisément t’épargner, puisqu’ils n’ont rien de réel que dans l’idée que tu t’en formes[4]. Il te sera toujours facile de donner à ton esprit une immense carrière[5], en embrassant par la pensée l’u-

  1. Tout ce qui provient de la cause extérieure. Voir plus haut, liv. IV. § 3, le développement de cette pensée. C’est l’ataraxie stoïcienne, si loin de l’indifférence, avec laquelle on a confondu ce calme que le sage doit s’efforcer de toujours conserver, pour que sa raison s’exerce avec toute sa puissance.
  2. La cause qui ne tient qu’à toi. Le libre arbitre, et la raison, qui ne dépend que de nous seuls.
  3. Rechercher l’intérêt de tous. C’est une des maximes les plus élevées et les plus pratiques du Stoïcisme. Le désintéressement est une des premières vertus qu’il recommande au sage.
  4. Que dans l’idée que tu t’en formes. C’est une théorie un peu absolue ; mais cette exagération même fait le plus grand honneur au Stoïcisme. Marc-Aurèle y a déjà bien des fois insisté, et notamment liv. VIII, §§ 40 et 47.
  5. Une immense