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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

gnantes de la chair, n’en fût pas troublée, et conservât la jouissance du bien qui n’appartient qu’à elle. Je ne laissais pas même aux médecins, poursuit Épicure, la vanité de croire qu’ils faisaient quelque chose pour moi. Et ma vie n’en continuait pas moins son cours heureux et digne. » Tu dois imiter cet exemple[1] dans la maladie, si tu es malade, ou dans tout autre accident ; car il ne faut jamais déserter la philosophie, quelles que soient les circonstances ; pas plus qu’il ne faut perdre ses paroles en conversant avec l’ignorant, ou avec celui qui n’a point étudié la nature, préceptes excellents que recommandent toutes les écoles ; en un mot, on doit être tout entier à ce qu’on fait actuellement[2], et au moyen qu’on emploie pour le faire.

    tes de la chair. L’expression est sans doute d’Épicure ; et le Stoïcisme n’aura fait qu’en hériter.

  1. Tu dois imiter cet exemple. Il est assez piquant de voir Marc-Aurèle s’appuyer impartialement sur l’autorité d’Épicure.
  2. À ce qu’on fait actuellement. Voir plus haut, liv. VIII, § 22. Le présent seul appartient à l’homme. ― Sénèque parle aussi de cette fin d’Épicure : « Épicure, au dernier et plus fortuné jour de sa vie, ressentit des douleurs si violentes en la vessie et dans le ventre, qu’il avait ulcéré, que rien n’y pouvait ajouter. Il disait néanmoins que ce jour-là lui semblait heureux ; ce que personne n’a droit de dire, s’il n’est en possession du souverain bien. » Épître LXVI, à Lucilius.