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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

nances, sans un goût trop vif pour les nouveautés ; l’usage, sans faste et aussi sans façon, des choses qui rendent la vie plus douce dans les occasions où c’est le hasard qui les offre, les prenant quand elles se trouvaient sous sa main avec indifférence, et n’en ayant nul besoin, si elles venaient à manquer ; l’attitude de quelqu’un dont on ne peut dire ni qu’il est un sophiste, ni qu’il est un provincial, ni qu’il est entiché de l’école, mais d’un homme dont on dit qu’il est mûr et complet, au-dessus de la flatterie, capable d’être à la tête de ses affaires propres et des affaires des autres. Ajoutez-y encore l’estime pour les vrais philosophes ; l’indulgence exempte de blâme pour les philosophes prétendus, sans d’ailleurs être jamais leur dupe ; le commerce facile ; la bonne grâce sans fadeur ; un soin modéré de sa personne, comme il convient quand on n’est pas trop amoureux de la vie, sans songer à rehausser ses avantages, mais aussi sans négligence, de manière à n’avoir presque jamais besoin, grâce à ce régime tout individuel, ni de médecine, ni de remèdes intérieurs ou extérieurs ; la facilité extrême à s’effacer sans jalousie devant les gens qui s’étaient acquis une supériorité quelconque, soit en éloquence, soit en connaissance