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LIVRE XI, § XXXV.

n’est pas moins fou de chercher encore son enfant quand on ne peut plus l’avoir.

XXXIV

« Quand on embrasse son enfant[1], disait Épictète, il faut se dire en son cœur : Demain peut-être seras-tu mort. — C’est un affreux augure ! — Il n’y a pas de mauvais augure à prévoir un fait naturel, répondait le philosophe ; ou bien, il serait aussi de mauvais augure de dire que les épis seront moissonnés. »

XXXV

Raisin vert, raisin mûr, raisin sec[2] ; autant de changements, qui ne font point que la chose ne

    les Dissertations d’Arrien, liv. III, ch. XXIV, §§ 86 et 87, p. 72. édit. Firmin-Didot.

  1. Quand on embrasse son enfant. Ce n’est pas non plus une citation textuelle ; c’est bien d’ailleurs la pensée d’Épictète, quoiqu’il l’exprime d’une manière plus douce ; Dissertations d’Arrien, liv. III, ch. XXIV, § 91, p. 192, édit. Firmin-Didot. Sénèque, Consolation à Polybe, ch. XXX, a dit : « Combien était plus juste celui qui, apprenant la mort de son fils, fit entendre cette parole digne d’une grande âme : « Du jour que je l’engendrai, j’ai su qu’il mourrait. » Puis il ajouta encore avec plus de sagesse et de fermeté : C’est pour cela que je l’élevai. »
  2. Raisin vert… mûr… sec. C’est toujours du raisin ; il change, mais ne disparaît pas ; même, il y a là transformation plutôt encore que changement proprement dit.