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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

XI

Quelle admirable puissance[1] l’homme n’a-t-il pas, puisqu’il lui est donné de ne faire que ce que Dieu doit approuver[2], et d’accepter toujours le destin[3] que Dieu lui fait !

XII

Ne jamais s’en prendre aux Dieux pour ce qui est conforme aux lois de la nature ; car les Dieux ne font jamais rien de mal[4], ni volontairement, ni involontairement ; ne pas s’en prendre davantage aux hommes ; car leurs fautes sont toujours in-[5]

  1. Quelle admirable puissance. La grandeur morale de l’homme a été profondément sentie par le Stoïcisme, dont Marc-Aurèle se fait ici l’écho en termes excellents
  2. Ne faire que ce que Dieu doit approuver. En voulant toujours le bien, et en le pratiquant dans la mesure où on le peut.
  3. Accepter toujours le destin. C’est la résignation et la confiance à la bonté de Dieu, sentiments que Marc-Aurèle recommande sans cesse. Sénèque les avait aussi recommandés avant lui.
  4. Les Dieux ne font jamais rien de mal. En effet, les deux idées de mal et de Dieu sont contradictoires, parce que Dieu est la source infinie du bien. C’est, d’ailleurs, une théorie que le Stoïcisme avait empruntée à Platon et à Socrate.
  5. Leurs fautes sont toujours involontaires. Théorie platonicienne, qui n’est pas toujours aussi vraie que charitable. Voir plus haut,