Page:Percier, Fontaine - Recueil de décorations intérieures, 1812.djvu/10

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de ce qu’on appelle le goût d’un pays et d’un siècle, appliqué à cette multitude innombrable d’objets qui se renouvellent sans cesse, qui tiennent à des matières légères ou fragiles, et dans lesquelles se peignent si bien le caractère, les mœurs, et les opinions. Ce que nous entendons sous le nom d’ameublement entre dans cette classe de productions plus ou moins fugitives.

Si depuis l’invention de la gravure on eût employé cet art à recueillir et à transmettre toutes les inventions du genre dont nous parlons, avec quel plaisir ne parcourrait-on pas, dans un espace de trois siècles, la marche de l’esprit et du goût appliqués à ces ouvrages ? Avec quel intérêt ne suivrait-on pas dans leurs vicissitudes les efforts du génie tournant sans cesse dans une sorte de cercle, se trompant si souvent au mouvement même qu’il reçoit et imprime tour à tour, s’imaginant qu’il monte parce qu’il va plus loin, et revenant sans s’en apercevoir, au point dont il était parti.

La gravure ne donne que des idées imparfaites des chefs-d’œuvre de l’imitation ; et bien qu’on ne doive pas à cet égard dédaigner les moyens de conservation qu’elle offre, on conviendra cependant que les objets de goût, de luxe et d’ornement qui nous occupent, peuvent recevoir de cet art de bien plus grands services.

C’est donc en partie sous ce rapport que nous avons cru utile d’employer la gravure à recueillir ceux de nos travaux dans le genre de l’ameublement, qui, soit par l’importance de leur destination, soit par le rang de ceux qui les ont commandés, peuvent être regardés comme propres à attester