Page:Percier, Fontaine - Recueil de décorations intérieures, 1812.djvu/12

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est commerciale ; elle se lie à l’intérêt qu’ont tous les ouvriers de faire vieillir les objets de luxe, pour en renouveler plus souvent les produits, et augmenter leur débit.

De ces trois causes, il nous paraît que la première, qui est générale, est la seule dont on retrouve l’action chez les anciens. Mais cette action, il faut le dire, n’y produisit pas les mêmes effets.

L’amour du changement est tellement inhérent à l’esprit humain, que les arts, loin de se considérer comme capables d’y résister, sont précisément les ministres les plus dévoués de cette inclination naturelle. Mais il y a deux manières de flatter ce penchant : l’une consiste à conserver dans tout objet ce qui en est le type originaire, le principe, ou la raison nécessaire, et à varier, sans blesser le fond, les formes accessoires, les détails, les circonstances, de manière que l’essentiel soit invariable, et que l’accidentel seul change. Ce fut la manière des anciens dans tous leurs ouvrages, depuis les plus grands jusqu’aux plus petits, depuis le temple jusqu’aux vases d’argile. L’autre manière consiste dans l’arbitraire le plus absolu, et elle s’exerce plus encore sur le fond que sur sa forme, plus sur le principal que sur les accessoires. C’est là le caractère du goût des modernes, qui, possédés en tout genre d’une incroyable manie de changement, n’ont cherché dans toutes les parties des arts qu’à faire autrement qu’on avait fait, sans s’inquiéter des raisons fondamentales, des principes naturels, et des lois que la convenance prescrit à chaque chose. Cette manie de changement ne tient plus à la cause universelle de la nature de notre esprit, ni à ce besoin de variété qui est lui-même le principe fécond de son activité. Il en faut