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Page:Pere De Smet.djvu/122

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» Toute leur richesse consiste en quelques chevaux qui paissent en liberté dans la campagne inculte. À sa naissance, l’Indien est enveloppé de haillons ; il grandit sous la peau de buffle ; il est élevé dans l’oisiveté, et l’industrie n’a pour lui aucun attrait. Jamais il ne cherche à améliorer sa condition. Celui qui aspirerait à plus de bien-être, et voudrait augmenter sa fortune par ses efforts et son activité, se verrait bientôt l’objet de la jalousie et de la haine universelles. Tout ce qu’il aurait amassé serait pillé ou saccagé ».[1]

Toutefois, les sauvages ont d’appréciables qualités : « Les Potowatomies sont d’un caractère doux et paisible. Ils ne connaissent entre eux ni rang ni privilège. Leur chef n’a d’autre revenu que ce que lui procurent sa lance, ses flèches et sa carabine. Son cheval, voilà son trône. Il doit être plus courageux que ses sujets. Le premier à l’attaque, il est le dernier à quitter le champ de bataille. Dans le partage du butin, il ne reçoit jamais plus que les autres.

» La plupart des sauvages sont capables de soutenir une conversation intéressante sur des matières qui ne sont pas hors de leur portée. Ils aiment à plaisanter et entendent très bien raillerie. Jamais ils ne disputent ni ne s’emportent en conversant ; jamais ils n’interrompent qui que ce soit. Si la matière est importante, ils réfléchissent toujours quelques instants avant de répondre ou bien ils remettent leur réponse au lendemain. » Ils n’ont pas d’expression pour blasphémer le nom de Dieu… Souvent des années se passent sans la moindre querelle. Mais quand la boisson les enivre — et, en ce

  1. Lettre du P. De Smet au P. Verhaegen. — juin 1838.