Page:Pere De Smet.djvu/163

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versant des Montagnes. C’est une succession de riantes vallées et de plateaux arides, de côtes abruptes et d’étroits défilés.

À la fin de juillet, on campe près de la jonction des trois sources du Missouri. D’immenses troupeaux de buffles errent dans la plaine. Les Têtes-Plates en profitent pour renouveler leurs provisions.

Le P. De Smet partage en tout l’existence nomade des sauvages. Il vit de chasse et de racines, n’a pour lit qu’une peau de buffle et une couverture de laine, passe les nuits à la belle étoile, ou brave, sous une petite tente, orages et tempêtes. Depuis quatre mois, il souffre de la fièvre. « Elle semblait, dit-il, s’obstiner à ne pas me quitter. En bien ! la vie dure que je menais m’en a enfin débarrassé, et je me porte à merveille depuis le mois de septembre ».[1]

Cependant, la saison s’avançait. Il était temps que le missionnaire se mît en route pour regagner Saint-Louis avant l’hiver.

« J’avais fixé, dit-il, mon départ au 27 août. De grand matin, vingt guerriers, l’élite des deux peuplades, avec trois chefs, se trouvaient à l’entrée de ma loge. Le conseil des anciens les avait désignés pour me servir d’escorte, aussi longtemps que je me trouverais dans le pays des Pieds-Noirs et des Corbeaux, les deux tribus les plus ennemies des Blancs…

» Bien avant le lever du soleil, tous les Têtes-Plates étaient réunis pour les adieux. Personne ne parlait, mais la douleur était peinte sur les visages. La seule chose qui parut les consoler fut la promesse formelle que je

  1. Relation citée.