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Page:Pere De Smet.djvu/201

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de collines qui fuient, en s’étageant, vers les sommets couverts de neiges éternelles.

Mais le plus beau spectacle du monde ne vaut pas, pour le missionnaire, la joie de gagner une âme.

« Me trouvant un jour, dit-il, sur la pente d’une colline, j’aperçus au bord de la rivière une petite loge de joncs. J’appelai quelque temps : point de réponse. Alors je me sentis comme entraîné à la visiter, et me fis accompagner de mon interprète,

» Nous trouvâmes une pauvre vieille femme, aveugle et très malade. Je lui parlai du Grand-Esprit, des points nécessaires au salut, du baptême, etc. L’exemple de l’apôtre saint Philippe nous apprend qu’il est des circonstances où toutes les dispositions requises peuvent se trouver implicitement dans un acte de foi, et dans un désir sincère de ne vouloir entrer au ciel que par la bonne porte. Toutes les réponses de la pauvre vieille étaient pleines de respect et d’amour pour Dieu.

— Oui, disait-elle, j’aime Dieu de tout mon cœur. Pendant toute ma vie, il m’a fait la charité. Oui, je veux être son enfant, et lui appartenir toujours.

» Alors elle se mit à genoux et me demanda le baptême. Je lui donnai le nom de Marie, et lui mis au cou une médaille de la Sainte Vierge. En m’éloignant, je l’entendais encore remercier Dieu de cette suprême faveur.

» À peine avais-je regagné mon petit sentier, que je rencontrai le mari de cette vieille. Courbé sous le poids de l’âge et des infirmités, il pouvait à peine se traîner. Il venait de tendre, dans la forêt, un piège aux chevreuils, lorsque, informé de mon approche par mes gens, il hâta le pas, et, d’aussi loin qu’il m’aperçut, s’écria d’une voix tremblante :