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Page:Pere De Smet.djvu/298

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français un peu sauvage ».[1] À diverses reprises, il prie ses confrères de Belgique de revoir ses lettres avant de les livrer au public, « d’y mettre un peu la main pour le style et l’orthographe».[2] Cette révision a été faite, peut-être avec plus de zèle que de bonheur. Maintes fois il nous a semblé que l’original, avec moins de correction sans doute, avait, par contre, plus d’énergie, de naturel et de saveur.[3]

Rien de plus varié que le sujet de ces lettres. Profondément épris de la nature, le P. De Smet en décrit les grandes scènes avec magnificence. Les majestueuses solitudes de l’Orégon l’ont surtout inspiré. Parfois, c’est comme un écho de la voix du Psalmiste : Mirabilia opera Domini ! Puis, ce sont de gracieux recoins, de fraîches oasis. Le missionnaire contemple les petits ruisseaux aussi volontiers que le ciel étoile. Il étudie en naturaliste les mœurs des animaux. Nul n’est plus épris de botanique ; souvent, le récit de ses travaux est interrompu par le catalogue des plantes qu’il a découvertes, et qu’il appelle de noms charmants.[4] Peut-être a-t-il le premier soupçonné quel parti tirerait un jour l’industrie des richesses enfouies sous le sol.[5] Mais ce qui l’intéresse le plus, ce sont les Indiens. Il s’enquiert de leur origine,[6] de leur nombre, de leur

  1. Lettre à un grand vicaire du Canada. — 23 sept. 1852.
  2. Au P. Terwecoren. — 5 avril 1856.
  3. Ayant pu retrouver plusieurs lettres originales du P. De Smet, nous nous en sommes rapproché dans les citations.
  4. Voir, en particulier, Voyages aux Montagnes-Rocheuses. Lettre à son oncle Rollier.
  5. Missions de l’Orégon, édit. de 1848, pp. 82, 107, 122.
  6. On sait que l’origine des Peaux-Rouges est un point d’ethnologie encore discuté aujourd’hui. D’accord avec bon nombre de savants, le P. De Smet admet que « c’est la Tartarie, la Mon-