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Page:Pere De Smet.djvu/301

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meurt point, mais qui met à l’épreuve l’homme le plus patient. Une mer furieuse m’ôtait tout repos. Si je montais sur le pont, c’était pour y donner, avec les autres passagers, le spectacle des culbutes les plus variées. Lorsque, après les fatigues du jour, Morphée venait me fermer la paupière, Éole en fureur menaçait de m’arracher de mon lit et de me faire rouler dans tous les coins de ma cabine ».[1]

À peine débarqués à New-York, nos voyageurs apprennent que la Révolution, qui vient de renverser Louis-Philippe, menace de gagner toute l’Europe. Paris, Rome, Naples, Berlin, Vienne, Prague ont vu des soulèvements populaires. « Les dernières nouvelles de Rome, écrit le missionnaire, m’ont beaucoup affligé. Pauvre pontife ! pauvres religieux ! Que vont-ils devenir ? Mais que la volonté de Dieu soit faite ! Les persécuteurs seront bientôt plus à plaindre que les victimes ».[2]

Comme toujours, les Jésuites avaient été les premiers atteints. Aussitôt, ils avaient cherché un refuge dans la libre Amérique. Informé de l’arrivée de plusieurs confrères, le P. De Smet resta quelques semaines à New-York pour les recevoir. Il fournit à tous l’argent et les indications nécessaires pour continuer leur voyage, puis reprit la route de Saint-Louis.

Cette fois, il suivit le chemin des Lacs, « le moins coûteux et le plus agréable ». Il resta une journée entière à contempler « la sublime chute du Niagara, cette merveille de la nature américaine ». Le 4 juillet, il était au terme de son voyage.

  1. À François De Smet. — New-York, 5 mai 1848.
  2. Au P. Parrin. — New-York, 5 mai 1848.