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Page:Pere De Smet.djvu/336

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» Bientôt, il ne peut plus parler. Soumis à la divine volonté, je récite les prières des agonisants. Mûr pour le ciel, le P. Hoecken remet à Dieu son âme, le 19 juin 1851, douze jours après notre départ de Saint-Louis »[1]

Le défunt n’avait que quarante-trois ans. Il réunissait les plus riches qualités de l’homme apostolique : zèle ardent, robuste santé, invincible courage, prudence extrême, manières simples, calme et joyeuse humeur. Depuis quinze ans qu’il vivait chez les Indiens, il avait bâti nombre d’églises, et formé de ferventes chrétientés. Martyr de sa charité, il venait d’exercer, jusque dans les bras de la mort, son ministère de salut.

Le P. De Smet ne pouvait abandonner, sans sépulture, le corps de son ami. Enfermé dans un épais cercueil, il fut, avec les prières de l’Église, provisoirement déposé dans une fosse, au bord de la forêt. Un mois plus tard, le capitaine La Barge, retournant à Saint-Louis, devait exhumer ces restes vénérés, et les transporter au cimetière de Florissant.

« En d’autres circonstances, écrit le P. De Smet, cette mort eût été pour moi un motif de ne pas continuer mon périlleux voyage ; mais Dieu donne des forces que refuserait la nature ». Peu à peu, la fièvre disparut, la vigueur revint, et il put, à son tour, se rendre au chevet des malades.

Cinq passagers devaient encore succomber. Ils reçurent, avant d’expirer, le pardon divin. Ce n’est pas tout. Beaucoup, parmi les autres, ne s’étaient pas confessés depuis des années. Frappés par la mort du P. Hoecken, tous se rendirent, les uns après les autres.

  1. Relation citée.