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Page:Pere De Smet.djvu/41

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Nos jeunes gens avaient, heureusement, avec eux quelques-uns de leurs amis d’Amsterdam. Ceux-ci obtinrent du capitaine des facilités. Il fut convenu que les missionnaires ne s’embarqueraient pas en même temps que les autres passagers, mais iraient, la nuit, rejoindre le vaisseau, qui les attendrait en pleine mer.

Le Columbia leva l’ancre le soir. Quand on fut à une certaine distance de la côte, le capitaine fit arrêter le navire jusqu’à l’arrivée du bateau de pêche qui suivait lentement, portant les fugitifs.

Une fois installés à bord, ceux-ci donnèrent libre essor à leur joie. Désormais ils n’avaient rien à craindre, et ils prenaient plaisir à envoyer de loin leurs félicitations à la police du roi Guillaume.

C’est le 15 août, fête de l’Assomption, qu’ils quittèrent l’Europe. Cette date leur était de bon augure. Pierre De Smet regarda toujours comme une faveur d’avoir inauguré sa carrière sous les auspices de la Reine du ciel.

Le Columbia essuya dans la mer du Nord quelques gros coups de vent. Notre missionnaire avoue qu’il dut, comme la plupart des passagers, « payer tribut à l’inexorable Neptune » ; mais, en somme, la traversée fut heureuse. Les neuf jeunes gens se voyaient déjà en plein travail apostolique, et caressaient de merveilleux projets.

L’abbé Nerinckx entretenait leur enthousiasme en promettant à leur zèle une immense moisson d’âmes. Pour les futurs ouvriers de l’Évangile, c’était l’apprentissage du ministère qui commençait. À ses récits, pleins de vie et de couleur, le vieux missionnaire joignait les leçons de son expérience et l’exemple de sa vertu. Ses habitudes étaient bien un peu austères, mais cette austérité même n’était pas pour déplaire à d’ardents néophytes.