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Page:Pere De Smet.djvu/428

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Aussitôt, contre l’avis des officiers, le prétendu pilote change de direction, et le Humboldt va échouer entre les récifs, dans le voisinage de l’Île du Diable.

Il est six heures du matin ; la plupart des passagers sont encore au lit. Réveillés en sursaut, ils accourent sur le pont. Un nouveau choc fracasse le navire, et l’on voit flotter d’énormes pièces de bois. En même temps que l’eau se précipite dans la cale, le feu se déclare près des chaudières. On lance les chaloupes, qui, aussitôt, sont envahies par les passagers. Mais comment se diriger sur une mer houleuse, à travers un brouillard qui empêche de voir à deux pas ?

En vain essaie-t-on, à force de vapeur, de gagner le rivage. Déjà le vaisseau s’enfonce dans l’abîme. Le désarroi est général. Seuls, dit un témoin, Mgr Miège et le P. De Smet restent calmes.

Bientôt une troisième secousse renverse tout ce qui est debout sur le pont. Chacun se croit perdu ; mais Dieu en a décidé autrement. Le Humboldt a touché fond, et s’arrête sur un rocher. On peut, dès lors, attendre du secours.

Presque en même temps, le brouillard se dissipe, et l’on s’aperçoit que la terre n’est éloignée que d’une centaine de pas. La mer est calme, le vent tombé, le soleil radieux.

Le lendemain, dans la cathédrale d’Halifax, le P. De Smet célébrait une messe d’action de grâces, et ses compagnons s’approchaient de la sainte table, ne doutant pas qu’ils dussent leur salut à la protection du ciel. Intrépide en face du naufrage, notre voyageur se livre, quand la traversée est heureuse, à l’ardente contemplation des œuvres de Dieu.