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Page:Pere De Smet.djvu/468

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la frontière.[1] Alors on les vit déterrer la hache de guerre, brandir le casse-tête, et préparer les plumes d’aigle, ornement de leur coiffure guerrière.[2]

Les Sioux avaient soif de sang. En trois jours,[3] ils firent, sur la frontière du Minnesota, près d’un millier de victimes, et détruisirent des établissements dont la valeur s’élevait à deux millions de dollars.

Aussitôt les États-Unis lancèrent contre eux une armée commandée par le général Sibley. Celui-ci engagea avec les révoltés diverses escarmouches, les dispersa et fit plusieurs prisonniers. Trente-huit furent condamnés à la potence. Dans leur prison, ils reçurent la visite d’un prêtre. Tous, à l’exception de cinq, demandèrent le baptême ; quelques-uns même, le jour de Noël, purent faire la sainte communion. Les voyant aller au supplice, calmes, presque joyeux, le missionnaire ne pouvait dominer son émotion. « C’est ainsi, disait-il, que savent mourir des chrétiens d’un jour »[4] !

Apprenant quel sort était réservé aux prisonniers, le P. De Smet avait écrit à Washington, demandant qu’ils fussent plutôt gardés comme otages. Il espérait ainsi sauver la vie aux Blancs qui étaient restés au pouvoir des Sioux.[5] Sa démarche resta sans résultat ; mais bientôt arriva le bruit de nouvelles atrocités.

  1. Chittenden et Richardson, p. 80.
  2. Le nombre de plumes qu’un sauvage portait sur la tête indiquait le nombre d’ennemis qu’il avait tués.
  3. Du 18 au 20 août 1862. — Voir Helen Jackson, A Century of Dishonor, p. 163.
  4. Voir Annales de la Propagation de la Foi, t. XXXV, p. 239 et suiv.
  5. Cette lettre est citée par Chittenden et Richardson, p. 1510.