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Page:Pere De Smet.djvu/521

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payer, pour les enfants des Indiens catholiques, des maîtres méthodistes, presbytériens, quakers, etc. C’est ainsi qu’on reconnaissait à Washington les services rendus au pays par les missionnaires romains.

Pareille injustice souleva des protestations indignées. « S’il est vrai, écrivait un journaliste, que les Indiens sont condamnés à disparaître, ne devrait-on pas au moins les laisser libres de choisir la foi religieuse dans laquelle ils veulent mourir ?… Les Indiens, déjà instruits et baptisés comme catholiques, ont été partagés entre diverses confessions. Les missionnaires qui, avec les aumônes recueillies en Europe, ont christianisé ces pauvres sauvages, sont expulsés des stations fondées par eux. Cela paraît à peine possible, et pourtant cela est ; les documents qui le prouvent ont été plus d’une fois entre les mains du général Grant. Il est horrible de penser que ces Indiens, qui ont des âmes aussi immortelles que celles des Nègres récemment émancipés, sont divisés par troupeaux, et soumis à toutes sortes de pasteurs, sans égard à leurs propres désirs ou à leurs convictions »[1].

Les missions fondées par le P. De Smet n’avaient pas été épargnées. Aux Montagnes-Rocheuses, la seule tribu des Têtes-Plates possédait un agent catholique. Tel missionnaire devait franchir une distance de trente lieues pour visiter ses chrétiens. Les quakers s’installaient dans les réductions du Kansas, où ils allaient commettre de honteuses exactions. « Vous aurez peine à croire, écrivait le P. De Smet, qu’un tel état de choses puisse exister dans la république des États-Unis, dont on vante tant la liberté ». Et il ajoutait, avec cette noble confiance que

  1. New York Freeman’s Journal, 14 décembre 1872.