Aller au contenu

Page:Pere De Smet.djvu/535

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne devait point guérir ; désormais, il ne ferait que languir, si toutefois il résistait aux fatigues de la traversée. Tout, du côté de la nature, lui disait : Restez !… Mais, plus haut que les voix de la nature, celle du zèle et de la charité lui répétait : Partez ! Peut-être pourrez-vous, sur la terre lointaine, rendre encore quelques services. Partez ! Rapprochez-vous de vos Indiens bien-aimés ; portez-leur, une fois de plus, le fruit de vos labeurs, votre dernière parole, au moins votre dernier soupir !

Et le vieillard partit, s’arrachant aux étreintes des siens. Le 7 avril 1872, il s’embarquait à Anvers, avec ses neuf compagnons ; dix-huit jours plus tard, il arrivait à Saint-Louis ; il n’en devait plus sortir.

Le 10 octobre 1871, avait eu lieu à l’université une émouvante solennité. Les PP. Van Assche et Verreydt célébraient le cinquantième anniversaire de leur entrée au noviciat de Whitemarsh. Ils étaient, avec le P. De Smet, les derniers survivants des compagnons de M. Nerinckx.[1] De tous les points du Missouri, les Jésuites s’étaient réunis pour fêter les pionniers de l’Évangile qui, avec le P. Van Quickenborne, avaient jadis établi, sur la colline de Florissant, le berceau de la province.

Retenu alors en Europe, le P. De Smet n’avait pu s’associer que de loin à cette joyeuse réunion. Il en fut, en partie, dédommagé par les témoignages de sympathie

  1. Le dernier disparu était le P. Verhaegen, mort à Saint-Charles en 1868, après avoir rempli les charges de recteur de l’université, de provincial du Missouri et du Maryland. — Le P. Van Assche devait mourir à Florissant en 1877 ; le P. Verreydt à Cincinnati en 1883.