Page:Pergaud - La Guerre des boutons, 1912.djvu/107

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
107
la guerre des boutons


Cela faisait bien l’affaire de Boulot qui appréhendait fort que ce vieux sagouin ne vînt de son côté et ne découvrît le garde-meuble des camarades de Longeverne. Boulot, pour l’empêcher de parvenir à cet endroit, était résolu à tout employer et le meilleur moyen était encore l’injure à courte distance, pourvu toutefois qu’on eût, comme c’était le cas, des arbres et des buissons afin de se dissimuler et de n’être point reconnu. De cette façon, en jouant habilement des jambes, on pouvait entraîner le vieux très loin du terrain de combat :

Quand la perdrix
Voit ses petits
En danger, et n’ayant qu’une plume nouvelle…


Boulot avait appris la fable ; cette ruse d’oiseau lui avait plu et, comme il n’était pas plus bête qu’une perdrix dont il imitait à s’y méprendre le « tirouit », il saurait bien, lui aussi, entraîner au loin et semer Zéphirin.

Ce petit jeu cependant n’allait pas sans quelques risques et complications, dont les plus graves étaient la présence ou la venue en ces lieux d’un habitant du village ayant bon pied et bon œil qui le dénoncerait au garde, ou même (ça s’était vu), s’il était parent, allié ou ami, s’autoriserait de cette familiarité pour venir attraper par l’oreille le délinquant et le conduire en cette posture au représen-