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la guerre des boutons


les « Arbis » et les « chacails » et parlé des « raquins » qui infectaient la rade d’Alger, même qu’une de ces sales bêtes avait, un jour qu’ils se baignaient, coupé le « zobi » à un de ses camarades et que la mer s’était toute teinte de sang, partit en titubant et en traînant les semelles sous les regards amusés du bistro et de sa femme.

Quand il arriva vers chez Doni, pouf ! il prit une première bûche en jurant des « tonnerre de Dieu ! » contre ce sale chemin que le père Bréda, le cantonnier (un feignant qui n’avait fait que sept ans et la campagne d’Italie, quelle foutaise !) entretenait salement mal. Puis, après y avoir mis le temps, il se redressa et repartit.

– Je crois qu’il a sa malle, jugea Fricot en refermant sa porte.

Un peu plus loin, la liane de Boulot, traîtreusement tendue devant ses pas, le fit rouler dans le ruisseau de purin, tandis que filaient en silence, emportant leur lien, les deux ténébreux machinateurs.

Au fumier de chez Groscoulas, il ne manqua pas non plus de reprendre la bûche, en sacrant de tous ses poumons contre ce salaud de pays où l’on n’y voyait pas plus clair que dans le c… d’une négresse.

Cependant les gens, attirés par son vacarme, sortaient sur le pas de leurs portes et disaient :

– Eh bien, je crois qu’il a sa paille, le vieux bris-