Marie s’était chargée de faire elle-même les achats et que Tintin l’attendait derrière le lavoir, pour recevoir de ses mains le trésor qu’il allait bientôt présenter à leur contrôle.
Enfin il apparut, précédé de La Crique, et un ah ! général d’exclamation salua son entrée. On se porta en masse autour de lui, l’accablant de questions :
– As-tu le fourbi ?
– Combien de boutons de veste pour un sou ?
– Y en a-t-il long de ficelle ?
– Viens voir les boucles ?
– Est-ce que le fil est solide ?
– Attendez ! nom de Dieu, gronda Lebrac. Si vous causez tous à la fois, vous n’entendrez rien du tout et si tout le monde lui grimpe sur le dos personne ne verra. Allez, faites le cercle ! Tintin va tout nous montrer.
On s’écarta à regret, chacun désirant se trouver être le plus près du trésorier et palper, si possible, le butin. Mais Lebrac fut intraitable et défendit à Tintin de rien sortir de sa « profonde » avant qu’il ne fût absolument dégagé.
Quand ce fut fait, le trésorier, triomphant, tira un à un de sa poche divers paquets enveloppés de papier jaune et dénombra :
– Cinquante boutons de chemise sur un carton !
– Oh ! merde !
– Vingt-quatre boutons de culotte !