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la guerre des boutons


chet qui commençait ainsi : « Mirabeau, en naissant, avait le pied tordu et la langue enchaînée ; deux dents molaires formées dans sa bouche annonçaient sa force… », etc., ce dont ils se fichaient pas mal.

Pendant qu’ils copiaient, leur attention vagabonde cueillait par les fenêtres ouvertes les exclamations des joueurs : – Tout ! – Rien ! – J’ai dit avant toi ! – Menteur !

– T’as pas but !

– Vise le Camus ! – Pan ! t’es tué ! Combien que t’as de billes ?

– Trois !

– C’est pas vrai, t’en as au moins deux de plus ! allez, renaque-les, sale voleur !

– Remets-en une au carré si tu veux jouer, mon petit.

– Je m’en fous, j’vas m’approcher du tas et pis tout nettoyer.

Ce que c’est chic tout de même une partie de billes, pensaient Tintin et Lebrac copiant pour la troisième fois : « Mirabeau en naissant avait le pied tordu et la langue enchaînée… »

– Y devait avoir une sale gueule, ce Mirabeau, émit Lebrac ! Quand c’est-y que l’heure sera passée !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

– Vous n’avez pas vu mon frère ? demanda la