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la guerre des boutons


longeant la crèche, de voler une partie du « lêcher » déposé pour le voisin avant de manger leurs parts respectives. Mais le paysan fit claquer en menace son fouet, affirmant ainsi sa volonté de ne point tolérer ces vols quotidiens et coutumiers, et, dès qu’il eut entouré le cou de chaque bête de son lien de fer, les sabots noirs de fumier et de purin, il poussa la porte de communication qui ouvrait sur la cuisine où il trouva son fils occupé à préparer, avec une attention inaccoutumée et de trop bon aloi, une leçon d’arithmétique pour le lendemain.

Il en était à la définition de la soustraction.

– « La soustraction est une opération qui a pour but… », marmottait-il !

– Qu’est-ce que tu fais maintenant ? dit le père.

– J’apprends mon arithmétique pour demain !

– Tu savais tes leçons tout à l’heure ?

– J’avais oublié celle-là !

– Sur quoi ?

– Sur la soustraction !

– La soustraction !… Tiens ! mais il me semble que tu la connais, la soustraction, petite rosse !

Et il ajouta brusquement :

– Viens voir ici près de moi !

Tintin obéit en prenant un air aussi surpris et aussi innocent que possible.

– Fais voir tes poches ! ordonna le père.

– Mais j’ai rien fait, j’ai rien pris, objecta Tintin.