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la guerre des boutons


drales sculptant leur rêve de pierre, volontaires de la grande Révolution s’enrôlant à la voix de Danton, quarante-huitards plantant l’arbre de la Liberté n’entreprirent leur besogne avec plus de fougue joyeuse et de frénétique enthousiasme que les quarante-cinq soldats de Lebrac édifiant, dans une carrière perdue des prés-bois de la Saute, la maison commune de leur rêve et de leur espoir.

Les idées jaillissaient comme des sources aux flancs d’une montagne boisée, les matériaux s’accumulaient en monceaux ; Camus empilait des cailloux ; Lebrac, poussant des han ! formidables, cognait et tranchait déjà à grands coups, ayant trouvé plus pratique, au lieu de fouiller le taillis pour y trouver des poutrelles, de faire enlever dans les « tas » voisins de la coupe une quarantaine de fortes perches qu’une corvée de vingt volontaires était allée voler sans hésitation.

Pendant ce temps, une équipe coupait des rameaux, une autre tressait des claies et lui, la hache ou le marteau à la main, entaillait, creusait, clouait, consolidait la partie inférieure de sa toiture.

Pour que la charpente fût solidement arrimée, il avait fait creuser le sol afin d’emboîter ses poutres dans la terre : il les entourerait, pensait-il, de cailloux enfoncés de force et destinés autant à les maintenir en place qu’à les protéger de l’humidité de la terre. Après avoir pris ses mesures il avait